La longue COVID, ce « mal » encore méconnu

Francine et Gabrielle font partie des professionnels du réseau de la santé et des services sociaux qui ont prêté main-forte aux résidences privées pour aînés (RPA) ayant été touchées par la COVID19 lors de la première vague. Plus de 8 mois se sont écoulés depuis qu’elles ont contracté le virus. Gabrielle tente un retour progressif au travail alors que Francine demeure en arrêt. Cela fait maintenant de nombreux mois qu’elles ont perdu une grande partie de leur force physique, qu’elles sont envahies par une fatigue extrême et qu’elles éprouvent de la difficulté à se concentrer. Un effort de trop et elles sont vouées au repos forcé. L’impact sur leur santé mentale est également non négligeable. Elles ont de la difficulté à se reconnaître, elles doivent apprivoiser une nouvelle façon de vivre et elles craignent de ne pas retrouver leur santé initiale.   

Ces femmes font partie du 10 à 15 % des personnes qui vivent avec des symptômes persistants de la COVID-19 que nous appelons plus communément la COVID longue. 

La COVID longue

La plupart des personnes atteintes de la COVID-19 se rétablissent à l’intérieur de 2 à 4 semaines. Cependant, pour une portion des personnes infectées certains symptômes et séquelles engendrés par le coronavirus persistent ou surviennent au-delà de cette période. Dans un tel cas, on parle alors de COVID longue.  La chercheuse Hannah Davis et ses collaborateurs ont effectué une étude à partir de cas suspectés et confirmés de la COVID-19 qui présentaient des symptômes au-delà de 28 jours. L’étude a été réalisée auprès de 3762 répondants dans 56 pays. De cette étude est ressorti que :  96 % des individus rapportent des symptômes persistants après 90 jours;  65 % ont encore des symptômes 6 mois après avoir été infecté par le virus.

Outre le fait d’évaluer l’évolution des symptômes dans le temps, l’étude en question avait, entre autres, comme objectifs de caractériser le profil des symptômes chez les patients atteints de la COVID longue ainsi que les impacts sur le travail.  

Profil des symptômes

Plusieurs symptômes ont été recensés tels que des maux de tête, la perte d’odorat, la faiblesse musculaire, les troubles de la communication et de la déglutition, la toux persistante, des troubles de sommeil, des douleurs, de l’anxiété, etc. Mais les 3 symptômes prédominants sont : 

• La fatigue (71 %); 
• Les problèmes respiratoires (60%); 
• Les dysfonctions cognitives (34%). 

Il est important de savoir que les déclencheurs les plus courants de rechutes ou d'aggravation générale des symptômes sont l’activité physique, le stress et l’activité mentale. La nécessité que les personnes présentant des symptômes persistants de la COVID-19 adaptent leurs actions afin de respecter leurs capacités et leurs limites est donc essentielle. Pour vous outiller à ce niveau, vous pouvez vous référer aux fiches d’autosoins conçues pour aider la population à vivre avec la COVID longue.  

Impact sur le travail

L’enquête a également analysé l’impact des symptômes persistants sur le travail. La cohorte de l’étude était composée principalement de gens qui vivaient avec les symptômes de la COVID-19 depuis plus de 6 mois. Voici les données recueillies au moment de l’enquête : 

• 27,3 % des répondants travaillent autant d’heures qu’avant de tomber malade; 
• 45,6 % des répondants travaillent des heures réduites; 
• 23,3 % des répondants ne travaillent pas actuellement; 
• 3,8 % des répondants sont retraités, bénévoles ou n’ont pas fourni assez d’informations sur le statut d’emploi. 

Nous pouvons donc affirmer qu’au moment de l’étude, la plupart des répondants n’avaient pas retrouvé leur rythme de travail initial. 

Bref, vivre avec la COVID longue bouleverse la vie des gens. Les impacts sont multiples et touchent différentes sphères de la vie (professionnelle, économique et sociale). Dans sa conclusion, la chercheuse Hannah Davis et ses collaborateurs recommandent le besoin, dû à la variété de symptômes existants, d’adopter une approche multidisciplinaire pour aider les gens atteints de la COVID longue.  

Critique | appréciation de l'article scientifique

Selon notre analyse, la qualité générale de l’étude est bonne.

Points forts

Points faibles

L'intérêt de cet article repose principalement sur son approche orientée vers les usagers;  Cette recherche a permis d’identifier de futures pistes de recherches qui permettront d’approfondir notre connaissance de la COVID longue et d’identifier les répercussions socioéconomiques sous-jacentes à la COVID longue.

L’approche choisie présente des limites sur le plan méthodologique et plus particulièrement en ce qui a trait aux biais potentiels des répondants;  Bien que l’étude présente un nombre appréciable de participants (3762), la grande majorité de ceux-ci résidaient aux États-Unis ou au Royaume-Uni, étaient caucasiens et bénéficient d’un certain statut économique. Ce qui limite la généralisation des résultats dans le cadre de cette étude.  Prendre note que l’article scientifique est une prépublication. Elle n’a pas encore fait l’objet d’une révision par les pairs.

Si l’article vous intéresse, vous pouvez y accéder gratuitement via l’hyperlien suivant : https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.12.24.20248802v3.full

Plus d’un an après l’apparition de la COVID-19, plusieurs personnes vivent encore les séquelles persistantes de ce virus. En nous informant davantage sur le sujet et en nous ouvrant à cette nouvelle réalité, nous serons davantage en mesure de venir en aide à ces gens.  

Rédaction de l’article phare clinique fait par Audrey Galipeau et Sophie Lévesque, APPR à l’équipe Innovation et développement des outils cliniques de la DSMREU 

Pour nous écrire : phare.clinique.cisssmo16@ssss.gouv.qc.ca

Lien vers la page : Phare clinique

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Projet Co-Vie

La COVID longue est un « mal » encore méconnu et à l’heure actuelle, peu de ressources sont mises à la disposition de la population afin de les accompagner dans leur rétablissement. En collaboration avec différents partenaires internes et externes, la Direction des services multidisciplinaires, de la recherche et de l’enseignement universitaire (DSMREU) a mis sur pied le projet CO-VIE. Pour en savoir plus : COVID longue

Pour toutes questions en lien avec la COVID longue et le projet CO-VIE, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse courriel : readaptation.covid.cisssmo16@ssss.gouv.qc.ca.