Phare clinique : Adaptons nos pratiques pour mieux servir les habitants du Nunavik

2 décembre 2020

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Capsule professionnelle : 
Adaptons nos pratiques pour mieux servir les habitants du Nunavik

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Le Nord, ce territoire méconnu

Grands espaces, infini d’un blanc immaculé, absence de frontières, la nature à son état brut… Au nord du 55e parallèle, là où les routes se sont éteintes, là où les services se font rares ou sont inexistants, les aptitudes de survies des communautés ancestrales permettent au peuple de voir le soleil se lever jour après jour. Malgré un environnement hostile, les conditions météorologiques imprévisibles et les ravages causés par l’homme venu d’ailleurs, il subsiste une force tranquille, un désir de réappropriation culturelle et une urgence de vivre. 

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Les défis quotidiens auxquels font face ces communautés sont nombreux : absence d’eau courante, transport aérien soumis au commandement des vents, accessibilité variable à un système d’éducation, problèmes d’accessibilité au logement et bien d’autres. Injustement, encore aujourd’hui, la localisation du territoire rend difficile l’accessibilité à un niveau de soins et de services sociaux équivalent à l’ensemble des Québécois. Pourtant, ce sont des gens de chez nous, de gens de chez eux. 

Le défi d’offrir des services équitables

J’ai eu l’immense privilège de côtoyer les communautés inuites pendant près de 2 ans. Depuis mon retour, je continue mon implication auprès de ce peuple rieur auquel mon cœur s’est profondément attaché. Ceci dit, ce retour entraîne son lot de questionnements. Notamment, sur notre capacité à reconnaître et à répondre adéquatement aux besoins de ces usagers dans le cadre de nos services conventionnels.

  • Comment faire fi de nos craintes, nos jugements et notre méconnaissance, tout en gardant l’esprit et le cœur ouverts?
  • Comment faire preuve d’une réelle empathie pour aller à la rencontre de l’autre?

Plusieurs fois, j’ai tristement constaté que les gens issus de ces communautés, lorsqu’ils reçoivent des services ici, à des milliers de kilomètres des leurs et de leurs points de repère, sont ostracisés et incompris. La mauvaise presse relative aux problématiques sociales et économiques tend à entraîner de nombreux jugements défavorables qui prédominent sur l’accueil chaleureux et réconfortant auquel tout le monde devrait avoir droit. 

Pistes d’intervention gagnantes

« Sans faire de nous tous des experts d’intervention en contexte d’interculturalité, je crois que nous devons prendre conscience des croyances et des valeurs qui peuvent influencer l’accompagnement que nous offrons à ces gens aux mœurs et aux coutumes différents des nôtres. »

Il s’agit là, à mon avis, d’un premier pas vers une sincère ouverture à l’autre. Mon expérience auprès de ces communautés m’a prouvé qu’être patiente, curieuse et intéressée sont des attitudes qui portent fruit. Il m’a fallu apprendre à écouter le silence qui, pour ce peuple, est souvent plus évocateur que les mots.

Pour favoriser une meilleure prise de contact et un accompagnement optimal, j’aspire à ce que nous puissions : 

  • Être davantage sensibles au fait que notre univers médical est, à plusieurs, étranger;
  • Prendre conscience que le vocabulaire émotif n’existait pas dans les dialectes culturels;
  • Considérer que notre rapport au temps est complètement différent du leur. Pour les Inuits « the past is the past » et demain est encore bien trop loin pour le prédire. De plus, rien ne sert de revenir en arrière ou de vouloir tout planifier;
  • Favoriser leur participation dans l’élaboration d’objectifs réalisables et significatifs pour eux; ce qui est essentiel pour un individu est issu de ses croyances et de son mode de vie d’abord et avant tout;
  • Prioriser le dialogue, le contact visuel et la création du lien plutôt que de mettre l’emphase sur les protocoles administratifs. Dans une culture où l’oralité prédomine pour la transmission du savoir, notre paperasse est vide de sens.

En terminant, gardons en tête que nous ne sommes pas les seuls à observer pendant un entretien et que ce peuple de chasseurs innés n’est pas indifférent à l’énergie que nous dégageons. Vous serez surpris de voir à quel point une attitude de reconnaissance et de bienveillance axée sur des soins égalitaires peut faire toute la différence. 

Nakurmiik (Merci)

Jessika Lampron, éducatrice, centre de réadaptation en Dépendance et membre du conseil multidisciplinaire du CISSS de la Montérégie-Ouest et intervenante pour les Services de la Protection de la Jeunesse du Centre de Santé Inuulitsivik.

Références :

Pour nous écrire : phare.clinique.cisssmo16@ssss.gouv.qc.ca

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