Prévention du suicide : cinq mythes et réalités expliqués
Les mythes ont pour fonction de sécuriser l’entourage, de diminuer l’anxiété vécue face aux sentiments d’impuissance, d’incompréhension, de culpabilité et de crainte. Malheureusement, ces croyances présentent une image irréaliste et, souvent, elles contiennent des jugements sommaires qui nuisent à la prévention et à l’intervention auprès des personnes en crise.
1. Ceux qui le disent, ne le font pas
Faux!
Ce mythe sous-entend que si une personne nous parle de son intention suicidaire, elle désire attirer l’attention ou encore elle veut manipuler son entourage. Si elle était vraiment décidée à mourir, elle n’en parlerait pas. Or, la réalité est tout autre : la majorité des personnes donnent des indices de leurs intentions suicidaires. Pour la personne qui pense au suicide, donner ces indices est peut-être son dernier moyen d’exprimer sa souffrance. Il est important de prendre tout message suicidaire au sérieux, car il est toujours un appel à l’aide.
2. Ceux qui se suicident font preuve de lâcheté ou de courage
Faux!
Pour certains, vu de l’extérieur, le geste suicidaire est perçu comme un signe de lâcheté et pour d’autres, comme un signe de courage. Ils pensent ainsi que le suicide est un choix. La personne qui pense au suicide ne voit là ni courage ni lâcheté : il n’y a pas d’autre choix possible. Ce sont les autres qui posent ce jugement, probablement en fonction de leurs propres limites et de leur façon personnelle de faire face à un problème.
3. Le suicide se produit sans avertissement
Faux (pour 8 cas sur 10)!
Le suicide est l’aboutissement d’un processus qui comprend le développement d’idées suicidaires, une présence plus constante de ses idées et l’élaboration d’un plan. Lors de ce processus, qui peut être plus ou moins long selon les personnes (adolescents, personnes impulsives, etc.), la personne émet différents signes de sa détresse et de son intention suicidaire. Il faut se rappeler que la reconnaissance rapide de ces signes et du processus suicidaire s’avère un élément déterminant dans la prévention du suicide.
4. Le suicide est héréditaire
Sans entrer dans le débat sur les causes psychosociales du suicide, il est important de souligner que le suicide n’est ni héréditaire ni transmis génétiquement, mais c’est un comportement qui peut s’apprendre. Cela s’explique par le fait qu’un suicide ou une tentative de suicide au sein de la famille peut être perçu par les autres membres comme une façon possible de résoudre ses problèmes.
5. Parler du suicide à une personne pertubée lui donnera l'idée de passer à l'acte
Faux!
Nous savons qu’il faut parler du suicide pour continuer à le démystifier, mais pas n’importe comment. Par exemple, lui demander directement si elle songe au suicide ne lui met pas l’idée en tête, au contraire, cela lui ouvre plutôt des portes pour qu’elle puisse exprimer sa souffrance. Cela lui envoie le message qu’elle peut nous en parler et que nous l’écoutons. Nous lui démontrons alors que nous la croyons et que nous voulons l’aider.
L’information recensée dans cet article relève de la source suivante : Adapté en 2010 par Xénia Halmov de Deschênes, Lorraine (1996), Document d’accompagnement — Formation à l’intervention de crise auprès de personnes suicidaires, CPSHY, Granby.
Nous souhaitons remercier Xénia Halmov, travailleuse sociale au GMF du Lac Saint-François, Nathanaëlle Filion, travailleuse sociale au GMF Roger Laberge ainsi que Marie-Pier Barbeau, spécialiste en activités cliniques pour le contenu de cet article fort informatif.
Comité intégré en prévention du suicide